Cebanquet des peuples prend fin par l’interprĂ©tation du nouvel hymne europĂ©en choisi, qui n’est plus comme au dĂ©but de la piĂšce L’hymne Ă  la joie, et qui entraĂźne les spectateurs dans la danse et leur apporte, bien entendu, le dĂ©sir Vay Tiền TráșŁ GĂłp 24 ThĂĄng. L’Europe fut au cƓur de nombreux spectacles du Festival d’Avignon 2019 aussi bien dans la programmation du In que dans celle du Off, Ă  travers des spectacles dont le trĂšs attendu Nous l’Europe. Banquet des peuples, interrogeant directement l’histoire de la construction europĂ©enne, ainsi que son fonctionnement actuel, mais aussi via la thĂ©matique de l’OdyssĂ©e retenue cette annĂ©e dans le In, multipliant les questionnements sur l’exil et les migrations. Mettre l’Europe en scĂšne, comment voulez-vous intĂ©resser le spectateur avec un tel sujet ? », s’interrogent plusieurs des six comĂ©diens europĂ©ens dans Nous, le peuple europĂ©en, six personnages en quĂȘte d’Europe qui se jouait dans le off, mettant en scĂšne de jeunes citoyens europĂ©ens dĂ©sireux de voir l’Union europĂ©enne rĂ©pondre aux grands dĂ©fis du XXIe siĂšcle1. C’est la mĂȘme question qu’aurait pu se poser Roland Auzet en voulant adapter l’essai de Laurent GaudĂ©, Nous l’Europe. Banquet des peuples, l’auteur prolixe de romans et théùtre, ayant optĂ© pour une fois pour un court rĂ©cit poĂ©tique narratif en vers libres, considĂ©rant que le rĂȘve europĂ©en a besoin de dĂ©sir » et qu’il mourra s’il n’est plus qu’une liste sĂšche de lĂ©gislations, de normes et d’échanges commerciaux ». Il faut souligner qu’il ne s’agit pas d’un essai opportuniste, car ce n’est pas la premiĂšre fois que l’auteur s’intĂ©resse aux questions europĂ©ennes, notamment Ă  celles relatives Ă  la gestion des frontiĂšres et ses consĂ©quences effroyables en mer MĂ©diterranĂ©e2. Que l’Europe ait besoin d’un rĂ©cit aux deux sens du terme ne fait pas de doute et le rĂ©cit littĂ©raire est incontestablement rĂ©ussi. DĂšs la premiĂšre phrase de son ouvrage, l’auteur part du constat que l’Europe semble avoir oubliĂ© qu’elle est la fille de l’épopĂ©e et de l’utopie » et qu’elle s’assĂšche de ne pas parvenir Ă  la rappeler Ă  ses citoyens » car trop lointaine, dĂ©sincarnĂ©e, elle ne suscite souvent plus qu’un ennui dĂ©sabusĂ© »3. S’ensuivent des interrogations sur notre identitĂ©, notre passĂ©, les contradictions de ce continent qui a inventĂ© des cauchemars », mais a aussi fait naĂźtre des lumiĂšres qui ont Ă©clairĂ© le monde entier », et l’expĂ©rience douloureuse de la frontiĂšre ». Curieusement, il est fait rĂ©fĂ©rence s’agissant du bilan de cette aventure politique » Ă  27 nations et non 28, comme si le Royaume-Uni avait dĂ©jĂ  quittĂ© l’Union europĂ©enne, anticipation peut-ĂȘtre pour ne pas prendre le risque de publier un texte rapidement datĂ© par rapport Ă  l’échĂ©ance du Brexit initialement prĂ©vue. Laurent GaudĂ© revient longuement sur la construction historique des États europĂ©ens et condamne tous les responsables des catastrophes diverses en invitant le lecteur Ă  cracher » sur leurs noms, ce qui sera repris avec emphase dans l’adaptation théùtrale, puis – contrairement Ă  ce que l’on aurait pu supposer – livre plus rapidement sa vision de l’Europe en tant que construction juridique, ses attentes déçues, mais aussi sa foi dans cette grande aventure. Raconter notre Ă©popĂ©e commune et le faire avec passion »4 est une recommandation certainement retenue comme point de dĂ©part par Roland AuzĂ©, qui avait dĂ©jĂ  adaptĂ© l’un des textes de théùtre Mille orphelins de Laurent GaudĂ©. NĂ©anmoins, l’adaptation théùtrale est d’emblĂ©e plus ambiguĂ«. Elle dĂ©marre avec la prĂ©sence des 11 acteurs et musiciens sur le plateau et de la cinquantaine de choristes de la maĂźtrise de l’OpĂ©ra Grand Avignon et d’amateurs, des matelas gris au sol, qui serviront de lieux de chute et d’amoncellement notamment contre un Ă©cran gĂ©ant d’abord en fond de scĂšne, puis qui avance menaçant et se dĂ©portant latĂ©ralement pour laisser place Ă  l’explosion des sons et de la colĂšre d’une batterie Vincent Kreydder et guitare Ă©lectrique Karoline Rose furieuses livrant certains intermĂšdes dignes d’un concert de mĂ©tal et investissant superbement l’immense espace scĂ©nique de la cour du lycĂ©e Saint-Joseph. L’un des principaux et Ă©poustouflants comĂ©diens, Emmanuel Schwartz, nous invective en guise de prologue ou de chapitre introductif inĂ©dit On avait dit non ! 
 On nous a posĂ© la question oui ou non ? 
 En fait, pour ou contre. 
 On a dit non et on a fait en sorte que ce soit oui ». En quelques minutes sur ce registre, le public comprend bien entendu qu’il s’agit du rĂ©fĂ©rendum de mai 2005 sur la constitution pour l’Europe dont le rĂ©sultat a Ă©tĂ© contournĂ© par le traitĂ© de Lisbonne de 2007, et il approuve l’arrogance et le mĂ©pris qu’aurait eu l’Europe dans cet escamotage de la voie des urnes », qui lui est théùtralement offerte sur un plateau
 Cette adresse trĂšs dĂ©magogique au peuple-spectateur en ces temps de remise en cause de l’Union europĂ©enne, transforme la noble passion en haine dont elle est toujours si voisine. Le propos de Laurent GaudĂ© Ă©vitait ce glissement fĂącheux, en Ă©tant plus fin et plus proche des rĂ©flexions menĂ©es dans les cercles et supports de rĂ©flexion politique et juridique qui ne mĂ©nagent pas l’analyse critique5, mais sans l’orienter de maniĂšre Ă  flatter les populismes. Durant l’heure et demie suivante, le texte est en revanche suivi presque Ă  la lettre, de la constitution des Nations Ă  partir de la rĂ©volte de Palerme de 1848 au plus jamais çà » en passant par la colonisation et le passeport Nansen, Ă©tapes ponctuĂ©es par la voix magique du contre-tĂ©nor Rodrigo Ferreira et d’un chƓur au sens musical et au sens du théùtre antique, qui ajoutent au lyrisme de l’écrit, dont certains extraits sont projetĂ©s sur un Ă©cran mobile quand ils sont prononcĂ©s par les comĂ©diens coryphĂ©es » dans d’autres langues que le français. Il y a Ă©galement quelques ajouts, en particulier les interrogatoires rĂ©currents relatifs Ă  la procĂ©dure d’asile. Le spectacle bascule quand montent du premier rang des spectateurs, les grands tĂ©moins » du soir, car Roland AuzĂ© a envisagĂ© en intermĂšde la participation de personnalitĂ©s politiques ou hauts fonctionnaires de la construction europĂ©enne, comme François Hollande le 6 juillet, soir de la crĂ©ation de la piĂšce, ou Pascal Lamy et GeneviĂšve Pons le 9 juillet, qui sont interrogĂ©s par les comĂ©diens eux-mĂȘmes sur leur vision de l’Europe qui est, par exemple pour l’ancien commissaire europĂ©en et directeur de l’OMC, l’endroit le plus civilisĂ© au monde », celui oĂč il y a de la libertĂ© et de la solidaritĂ© », et la meilleure protection des donnĂ©es » et oĂč il fait bon vivre »  L’on peut lĂ©gitimement s’interroger sur le sens de telles interventions qui dĂ©stabilisent nĂ©cessairement les spectateurs, aussi bien ceux qui se sentaient flattĂ©s par le point de dĂ©part du spectacle que les europĂ©anistes les plus convaincus, les uns et les autres Ă©tonnĂ©s de cette percĂ©e du politiquement correct, de la mise en valeur de ce qui Ă©tait artistiquement dĂ©noncĂ©, Ă  tort ou Ă  raison, l’heure prĂ©cĂ©dente et qui sur le plan dramaturgique casse complĂštement le dĂ©roulĂ© et l’esthĂ©tique du spectacle. Un spectateur exaspĂ©rĂ© s’est en outre permis d’interpeller Pascal Lamy sur son inaction en matiĂšre de politique sociale, aprĂšs que ce dernier a rĂ©pondu que son seul regret personnel Ă©tait de ne pas avoir portĂ© assez d’attention au volet culturel
 À la suite de cette intervention spontanĂ©e copieusement applaudie, le spectacle a repris tant bien que mal, mais la magie a disparu. L’hymne de la neuviĂšme symphonie de Beethoven est remplacĂ© par le chant rĂ©sistant Bella Ciao et, quelques scĂšnes plus tard, le plateau en liesse invite les spectateurs Ă  rejoindre les comĂ©diens sur scĂšne pour danser et chanter sur Hey Jude des Beatles et ainsi concrĂ©tiser l’idĂ©e du ĂȘtre-ensemble »  C’est donc cela le banquet des peuples ? Nous l’Europe. Banquet des peuples de Laurent GaudĂ©, mis en scĂšne par Roland Auzet DR L'Europe, l'ancienne, celle d'un Vieux Monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l'Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendres de... Lire la suite 6,99 € E-book - ePub Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 6,99 € Grand format ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours 18,80 € Vous pouvez lire cet ebook sur les supports de lecture suivants TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat DĂšs validation de votre commande Offrir maintenant Ou planifier dans votre panier L'Europe, l'ancienne, celle d'un Vieux Monde bouleversĂ© par la rĂ©volution industrielle, et l'Union europĂ©enne, belle utopie nĂ©e sur les cendres de deux grandes guerres, sont l'alpha et l'omĂ©ga de cette Ă©popĂ©e sociopolitique et humaniste en vers libres relatant un siĂšcle et demi de constructions, d'affrontements, d'espoirs, de dĂ©faites et d'enthousiasmes. Un long poĂšme en forme d'appel Ă  la rĂ©alisation d'une Europe des diffĂ©rences, de la solidaritĂ© et de la libertĂ©. Date de parution 01/05/2019 Editeur Collection ISBN 978-2-330-12153-2 EAN 9782330121532 Format ePub Nb. de pages 188 pages CaractĂ©ristiques du format ePub Pages 188 Taille 3 267 Ko Protection num. Digital Watermarking Biographie de Laurent GaudĂ© Laurent GaudĂ© est un romancier et un auteur de théùtre qui fait partie intĂ©grante du panorama littĂ©raire français du XXIe siĂšcle. En 2004, il obtient le prix Goncourt pour son roman Le Soleil des Scorta. Son ouvre, traduite dans le monde entier, est publiĂ©e par Actes Sud. Nous, l’Europe banquets des peuples est de la mĂȘme veine que de Sang et de lumiĂšre. Indignation, colĂšre, passion ,la violence du verbe, le tout au service d’une poĂ©sie Ă©pique. Il m’est difficile d’ĂȘtre objectif avec la poĂ©sie ou la prose de Laurent GaudĂ©tellement je la trouve juste Ă©prise d’un souffle incandescent, J’ai offert ce livre Ă  l’une de mes filles en lui Ă©crivant un petit texte sur la page de garde. Ce sera ma chronique / critique de Nous, l’Europe banquets des peuples Par dessus les Flandres Et jusqu’au cours du RhĂŽne Le banquet de l’Europe est une nĂ©cessitĂ© Depuis 4 gĂ©nĂ©rations l’Europe Ă  survĂ©cu Ă  la fin de l’ùre industrielle, A une soif coloniale qui a dĂ©coupĂ© des territoires comme un damier A La cruautĂ© de deux guerres mondiales qui ont laminĂ© les hommes, A l’idĂ©e qu’il pouvait y avoir des hommes infĂ©rieurs A La construction d’un mur A des dictatures sur les terres portugaises, espagnoles, grecques. L’Europe est revenu de tout malgrĂ© sa Technocratie, MalgrĂ© sa difficultĂ© Ă  entendre les peuples Elle continue Ă  mal entendre A mal entendre le ressac de la MĂ©diterranĂ©e A mal entendre le souffle des EuropĂ©ens. Les nationalistes parlent Ă  ses frontiĂšres Et pourtant l’Europe n’a jamais Ă©tĂ© aussi nĂ©cessaire pour Ă©clairer le monde Alors n’ayons pas peur des utopies, du partage, de l’invention, des colĂšres salvatrices. C’est Ă  cette gĂ©nĂ©ration , la vĂŽtre mais aussi encore un peu la nĂŽtre, D’emporter notre Europe dans un fracas d’idĂ©es et de rĂȘver plus grand. Festoyez au Grand banquet des peuples. Navigation de l’article De Laurent GaudĂ© Conception et mise en scĂšne Roland Auzet compagnie ACTopus Avec Robert Bouvier, Rodrigo Ferreira, Olwen FouĂ©rĂ©, Vincent Kreyder, Mounir Margoum, Rose Martine, Dagmara Mrowiec-Matuszak, Karoline Rose, Emmanuel Schwartz, Artemis Stavridi, Thibault Vinçon et un chƓur Production dĂ©lĂ©guĂ©e L’Archipel – scĂšne nationale de Perpignan TournĂ©e 2021 / 2022 les 16 et 17 dĂ©cembre 2021 OpĂ©ra de Limoges les 6 et 7 janvier 2022 Théùtres en DracĂ©nie, Draguignan du 12 au 16 janvier 2022 Théùtre GĂ©rard Philipe, CDN de Saint-Denis du 19 au 21 janvier 2022 La ComĂ©die de Clermont Ferrand le 4 fĂ©vrier 2022 Théùtre MoliĂšre SĂšte, scĂšne nationale archipel de Thau le 16 fĂ©vrier 2022 Konzert Theater, Berne, Suisse du 7 au 29 mai 2022 Théùtre de l’Atelier, Paris D’aprĂšs le centre dramatique national de Saint-Denis Le centre dramatique national de Saint-Denis vous propose d’assister Ă  la reprĂ©sentation de “Nous l’Europe, banquet des peuples”. Une piĂšce au regard critique et doux sur le rĂ©cit europĂ©en. Titre Nous, L’Europe, banquet des peuples auteur Laurent GaudĂ© metteur en scĂšne Roland Auzet Dates et horaires du 12 au 16 janvier 2022 du mercredi au vendredi Ă  20h, samedi Ă  18h, dimanche Ă  15h30 durĂ©e 2h30 – salle Roger Blin Texte L’Europe, plus que jamais malmenĂ©e, soumise aux critiques, rongĂ©e par les nationalismes, semble ne plus faire rĂȘver. L’écrivain Laurent GaudĂ© Ă©met l’hypothĂšse que le dĂ©sir s’est Ă©teint parce que le rĂ©cit europĂ©en n’a pas Ă©tĂ© encore Ă©crit et que, sans histoire, point de communautĂ©. Il s’attelle, avec le compositeur et metteur en scĂšne Roland Auzet, Ă  la fabrication d’un long poĂšme, parlĂ© et chantĂ©, qui retrace cette histoire europĂ©enne, faite de blessures et d’espoirs. Ce banquet, oĂč art et politique se mĂȘlent en une mosaĂŻque sonore et visuelle saisissante, est un chant donnĂ© en partage, une polyphonie de voix et une pluralitĂ© de regards, la chronique d’un continent qui s’écrit chaque soir sur scĂšne. Tarif prĂ©fĂ©rentiel tarif prĂ©fĂ©rentiel Ă  12 € au lieu de 23 € avec le code MAISON DE L’EUROPE À la billetterie du TGP de 14h Ă  19h au tĂ©lĂ©phone au 01 48 13 70 00 ou par email Ă  reservationtheatregerardphilipe RĂ©servations Lien internet Lien Ă©vĂ©nement Facebook Teaser crĂ©dits visuel Christophe Raynaud de Lage 10/01/2022

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